L’objectif de Poupart sculpte les corps

Expo photos sur le rugby au pôle culture

Alain Soriano, adjoint à la culture, retrouve les mots et l'élan de l'ancien rugbyman qu'il a été. Le talent de Julien Poupart éclate dans chacun des clichés (jusqu'au 31 mars au Pôle Culture, place d'Hautpoul)
Alain Soriano, adjoint à la culture, retrouve les mots et l’élan de l’ancien rugbyman qu’il a été. Le talent de Julien Poupart éclate dans chacun des clichés (jusqu’au 31 mars au Pôle Culture, place d’Hautpoul)

L’exposition de 24 photos consacrées au rugby, dans le cadre du Festival Rugb’images, restera sur les cimaises du Pôle Culture (place d’Hautpoul) jusqu’au 31 mars. Julien Poupart est un des grands photographes sportifs du moment. Il collabore régulièrement au magazine Attitudes. Son objectif – en noir et blanc – «met en lumière toutes les phases et les valeurs du jeu» a souligné Alain Soriano, adjoint à la Culture, lors du vernissage. «La conquête, le combat, la joie, la souffrance». Avec une prédilection pour ces instants – trop longs au goût de ceux qui préfèrent un rugby de plein vent quand la balle court aux ailes – où la collision concasse les corps comme une sculpture de César. Jamie George, le talonneur de la Rose, est passé au marbre du carrossier sous l’empilage des packs : il lui reste un coin de ciel pour respirer sous ce tas pesant.

Combats de titans

Étouffé aussi – où presque – dans le magma, Bastareaud. L’esprit de sacrifice pour faire «vivre la balle» s’exprime dans ce regard qui cherche le soutien. Une main secourable se tend vers le ballon. Basta ne verra pas la suite de l’action, enseveli sous l’avalanche de chair, mais en paix avec sa conscience : le ballon poursuivra sa course. Les créatures de Poupart, avec les reflets, prennent les tons métalliques de l’usine : son rugby a des airs d’aciérie, où les presses triturent les corps. Même les étreintes d’après match (Cabannes-Claassen) ont l’allure de torsions. L’empoignade verticale du Millenium entre Chouly et Jones, un bras de fer à grand renfort de biceps, devient une lutte sculptée de Titans. Et puis il y a ces photos pour l’Histoire : les yeux écarquillés du gamin qui hérite de la médaille de Sonny Bill, pendant le tour d’honneur des Blacks. Elle participera à la légende, comme celle – chargée d’émotion – de l’ultime pénalité de Wilkinson. La silhouette du métronome est déjà dans le flou, dans l’ailleurs ou l’après. Derrière lui, une foule de photographes capte l’ultime instant. Sir Jonny ne pouvait trouver meilleur peintre pour cette «dernière fois».