Pas facile de décrocher un rendez-vous avec lui. Claude Martin, 64 ans, est un retraité albigeois très actif. Président du festival Rugb’images qui se déroule à partir de lundi, l’ancien prof de sports est aussi le président des Œillades, événement consacré au film francophone qui fêtera en novembre sa 20e édition. «ça prend beaucoup de temps. Je vis au rythme des deux festivals : en gros six mois pour les Œillades et les six autres mois pour le rugby.» Et il n’y a pas que ça. Claude donne volontiers un coup de main au club de volley pour arbitrer, au Sporting-Club albigeois pour filmer les espoir… Cet amateur de cinéma et de rugby a passé sa vie professionnelle sur les terrains de sport. Prof pendant trente ans au lycée Rascol, il a enseigné à des milliers d’élèves. «J’ai pris beaucoup de plaisir dans ce métier mais ce qui m’a le plus marqué, c’est le sport scolaire. Rascol c’est un gros établissement avec une vie sportive très forte. On allait sur des tas de championnats. Quand tu pars avec des élèves une semaine sur une compétition, ce sont des moments forts, surtout quand on va jusqu’au bout et qu’on décroche un titre». Touche-à-tout, passionné, Claude Martin s’est impliqué dans quasiment tous les clubs de la ville, du XIII au volley, sans oublier le XV, le foot, l’athlétisme, où il a contribué au succès du championnat de France au stadium. Excusez du peu.
La retraite, en 2012, ne l’a visiblement pas perturbé. Pas du genre à rester les bras croisés. Une activité débordante : un des points communs avec sa femme, Monique, ancienne prof de sports également, et aussi impliquée que lui dans la vie associative.
En ce moment, Claude vit donc au rythme de Rugb’images qui mêle rugby et culture. C’est lui qui en a eu l’idée il y a une vingtaine d’années. «On avait organisé une soirée rugby et cinéma dans le cadre du festival d’Albi. Des personnalités étaient venues de Castres comme Francis Rui ou Cholley. Je m’étais dit qu’il fallait faire quelque chose de plus construit.» Avec Jacques Bonnery et Jean-Pierre Gardelli, Claude Martin a imaginé Rugb’images. «Entre l’idée et la réalisation, il a fallu plus d’un an de travail. Il faut tout gérer de la programmation aux invités, l’hôtellerie, les repas, les recherches de partenariat.» Si Rugb’images est une grosse organisation qui repose sur un noyau de «quatre à cinq personnes», le festival du film n’a rien à lui envier. Au contraire. «Dans le cinéma, les gens sont plus exigeants que dans le rugby. Pour les Œillades, on fait venir 40 invités. C’est une vraie usine à gaz, il faut négocier 40 fois. Il y a les attachés de presse, les distributeurs, les agents…». Et pourtant, 20 ans après, les Œillades sont toujours là. «Des festivals de cinéma, il y en a beaucoup qui vivotent, sans ambitions avec des films déjà sortis. Nous, on a réussi à être reconnus…», glisse-t-il sans vouloir se glorifier. Mais pour les 20es Œillades, le président espère faire venir des personnalités du septième art avec l’aide de Serge Korber, réalisateur installé à Brens.
Le cinéma c’est une vraie passion chez lui. Dans sa jeunesse, Claude a été marqué par «Les enfants du paradis» de Marcel Carné, «Le messager» de Joseph Losey ou encore «Blow-up» d’Antonioni. Aujourd’hui, il affiche des goûts éclectiques et cite les réalisateurs Almodovar et Inarritu. L’Albigeois voit 150 films par an. Un de ses derniers coups de cœur, c’est «Fatima», «qu’on a passé au festival avant qu’il ne sorte en salles.»
Et la politique ? Claude Martin balaie le sujet. «C’est sûr que j’ai été sollicité mais quand on voit comment les élus se prennent des coups de bâton parce qu’il y a un problème de trottoir ou autre. Je crois que je n’ai pas cette souplesse d’esprit. J’ai envie de faire des choses pour prendre du plaisir.»
Dégageant l’image d’homme sérieux, Claude Martin est un président aux multiples casquettes. «Je n’en fais pas un truc de statut social. J’ai l’habitude d’organiser, je pense avoir un esprit synthétique. Mais si tu n’as pas une équipe avec toi…». Il n’est pas accroché à ses titres. Ce n’est pas son moteur. D’ailleurs, Claude a déjà annoncé qu’il quitterait l’an prochain la présidence de Ciné-Forum qui organise les Œillades. Monique, son épouse, pourrait lui succéder. «Ce n’est pas parce que je quitte la présidence que je ne m’impliquerai pas.» On ne se refait pas.